Investir et collectionner… Ce n’est pas antinomique !

Et si collectionner était un placement comme un autre ?

Trop souvent, le collectionneur se retrouve face à un regard méfiant, parfois condescendant. « Tu collectionnes… pour de l’argent ? » La question est lancée, pleine d’incrédulité, comme si passion et investissement étaient incompatibles, comme si le plaisir de posséder des objets ne pouvait, par nature, générer de la valeur tangible. Et pourtant, il est temps de remettre les pendules à l’heure. 

Non, il n’est pas déshonorant de vouloir investir dans une collection. Oui, collectionner peut être à la fois un plaisir des sens et un geste réfléchi de constitution de patrimoine.

La collection, une affaire de passion… mais pas seulement !

Qu’on parle de montres anciennes, de vinyles rares, de monnaies oubliées ou de flacons de parfum d’époque, collectionner repose d’abord sur une émotion. Il s’agit d’attirance, de fascination, de nostalgie. C’est un acte personnel, parfois intime. Mais pourquoi nier que cet attachement puisse, en parallèle, générer de la valeur ? Pourquoi vouloir opposer le cœur et la raison ?

Ce dualisme est une illusion et je maintiens mes positions à savoir qu’un collectionneur averti construit, au fil des années, une connaissance éclairée de son domaine. Il suit les marchés, anticipe les tendances, repère les pièces sous-cotées et identifie les raretés. En cela, il agit, consciemment ou non, comme un investisseur. Et son patrimoine – car c’en est un – mérite autant de respect qu’un portefeuille d’actions ou qu’un lot immobilier.

Un actif tangible à part entière

Il est urgent de sortir la collection du folklore sentimental dans lequel on la relègue trop souvent. Une collection est un actif tangible. Elle répond à des critères objectifs comme la rareté, l’état de conservation, l’historique de provenance, la demande du marché. Ces critères, on les retrouve dans l’immobilier, dans l’art ou dans le mobilier ancien. Alors pourquoi persister à considérer la collection comme une simple extravagance, voire une toquade ?

Une montre de collection peut prendre 15 % de valeur en trois ans. Un premier tirage de bande dessinée peut doubler de prix en cinq ans. Certains timbres rares sont devenus des valeurs refuges. Si la volatilité existe, elle n’a cependant rien d’incompatible avec une logique patrimoniale à long terme.

Briser le tabou du « profit honteux »

Il existe, chez certains collectionneurs eux-mêmes, un malaise : celui de ne pas oser parler de valeur. Comme si évaluer une collection en euros trahissait l’amour porté aux objets. Comme si se réjouir d’une plus-value signifiait être un spéculateur sans âme. Ce tabou, il faut le briser. Profiter de sa passion n’est pas une honte. Il n’y a rien d’avilissant à reconnaître qu’une collection peut aussi servir un objectif de sécurisation ou de transmission de patrimoine.

Au contraire, reconnaître la valeur patrimoniale de sa collection, c’est aussi lui donner une légitimité durable. C’est en faire une richesse à part entière, que l’on peut transmettre, documenter, protéger, valoriser. C’est sortir de la simple accumulation pour entrer dans une logique de construction.

Et le fait qu’il s’agisse de collection en ferait-il un actif déshonorant pour autant ?

Une démarche de long terme

Investir dans une collection, ce n’est pas chercher un retour rapide. C’est bâtir patiemment, sur la durée. C’est affiner son goût, développer son expertise, renforcer ses choix. À ce titre, la collection est probablement un des investissements les plus exigeants – mais aussi des plus gratifiants – que l’on puisse réaliser.

Elle impose la rigueur, la prudence, la veille constante. Mais elle offre aussi la joie, l’émotion, la beauté. Peu de placements peuvent en dire autant. Et cette double nature – rationnelle et sensible – est précisément ce qui en fait une classe d’actif à part entière.

Une légitimité retrouvée

Il est temps que les collectionneurs cessent de s’excuser. Il est temps d’assumer que collectionner, c’est aussi investir. Que derrière chaque vitrine remplie d’objets précieux se cachent souvent une stratégie, une vision, et une volonté de transmettre. Non, cela n’a rien de honteux. Oui, cela a tout d’intelligent.

Reconsidérons notre regard. Ne marginalisons plus la collection comme une élévation de l’âme vers un art noble. Acceptons-la aussi comme un pilier possible du patrimoine. Après tout, dans un monde où l’immobilier devient inabordable et la finance déconnectée du réel, quoi de plus sensé que d’investir dans ce qui nous touche, dans ce qui nous parle, dans ce qui a du sens ?

Collectionner pour investir, investir dans sa passion, voilà une voie qui mérite d’être respectée. Et surtout… d’être suivie.

Louis Treker © 2025

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